Vendredi 18 Mars: de Jianshui à Kunming

On se réveille bien reposé. Il fait un grand soleil et il fait doux! Direction la salle du petit déjeuner qu'on a du mal à trouver dans ce dédale de patios.
Après cela nous partons à la visite de la ville. Enfin nous essayons car nous avons un mal fou Jacky et moi à trouver la sortie de la résidence à cause de l’enchevêtrement des jardins. Mais bon, on y arrive au bout d'un quart d'heure. Nos pas nous mènent à la porte de l'est que nous avions vu il y a 3 jours. On décide de la franchir. Le spectacle en vaut la peine, il y a derrière les remparts un marché aux oiseaux. Les chinois, particulièrement les hommes âgés, sont très amateurs de chants d'oiseaux. Ils peuvent ici trouver l'oiseau rare, si j'ose dire, qui les enchantera par ses trilles. Chaque vendeur possède une cage voilée. Lorsqu'un client éventuel veut vérifier la qualité du chant de l'occupant, le vendeur enlève le voile et l'oiseau se met aussitôt à chanter. Nous n'y connaissons pas grand chose et trouvons tous les interprètes magnifiques. J'ai d'ailleurs enregistré leurs trilles sur mon magnétophone. Dès que j'essaie de m'approcher d'une cage pour prendre en photo le locataire, celui-ci s'arrête de chanter et se cache. Je ne peux que prendre les cages au demeurant magnifiques.


A côté du marché aux oiseaux, il y a des cireurs de chaussures qui m'invitent moi et non Jacky à utiliser leur service. Apparemment les femmes n'y ont pas droit. Mais bon, vu que j'ai des chaussures de marche et non pas des souliers de cuir, je ne peux même pas accepter pour leur faire plaisir. Soudain des policiers arrivent, les cireurs prennent leur jambes à leur cou. Il y en a un qui se fait arrêter par un des flics qui fait mine de lui mettre une amende et se ravise quand l'interpellé se met à lui cirer ses souliers. Peut être que l'expression "cirer les pompes" vient de là!
Nous déambulons dans l'artère principale de la ville. Passe un convoi de mariage avec des limousines et un concert de klaxons, exactement comme chez nous si ce n'est plus loin un grand concert de pétards.
Il commence à faire vraiment bon. Je m'arrête pour enlever une couche de vêtement. Lorsqu'on repart, un commerçant m'interpelle. Croyant qu'il veut me vendre quelque chose, je l'ignore superbement. Comme il insiste lourdement, je me retourne et m’aperçoit que j'avais oublié sur un banc l'appareil photo, le magnétophone et j'en passe.
En regagnant la résidence de la famille Zhu, nous passons devant une affiche très kitch de l'année du lapin.

Après avoir rendu les clés de nos chambres, et après notre joli repas coutumier, nous reprenons la route en direction de Kunming. Le chauffeur est toujours aussi imprévenant avec ses voyageurs: passage de dos d'âne à toute allure, freinage intempestif, j'en passe et des meilleures. Son seul effort a été de changer la porte du bus.
Nous faisons halte dans un village mongol, Xingmeng, dont l'origine date du 14ème siècle. Kubilai Khan, premier empereur mongol régnant sur la Chine, y avait laissé là au cours d'une des ses campagnes, une garnison. Ce village de 5000 habitants (en France on dirait cette ville) a gardé les coutumes et une langue proche du mongol. Les maisons sont en pisé. Le village semble très pauvre même si les gens paraissent souriants. Les rues sont remplies des déchets provenant des habitations.


Plus qu'un effort et nous arrivons à Kunming. 1700 kms avec ce foutu chauffeur! Après la visite d'une maison de dégustation de thé comme il y en a partout en Chine, nous allons au restaurant manger une spécialité locale appelée "nouilles qui traversent le pont". La légende voudrait qu'au temps de la dynastie Qing, ce soit une femme allant nourrir son mari, un lettré retiré sur une île, qui trouva la,recette. Pour s'acquitter de sa tâche, elle devait tous les jours porter son plat de nouilles en passant sur un pont. Quand elle arrivait devant son mari, les nouilles étaient froides et celui-ci ne voulant pas les manger dépérissait. Un jour par hasard, elle s’aperçut à son retour chez elle, qu'un bouillon de poulet était resté chaud durant son absence. Elle eu l'idée lors de la visite suivante  d'emmener les nouilles d'un côté et le bouillon de poulet de l'autre. Arrivé devant l'époux, elle versa  les nouilles dans le bouillon pour que celles-ci se réchauffent. Cela plut à son mari qui à partir de ce jour là se remit à manger.
Les "nouilles qui traversent le pont" sont devenues une spécialité, fort gouteuse ma foi, du Yunnan.


Après ce repas délicieux, il nous est difficile de rester éveillé jusqu'à 22H, heure à laquelle nous allons à la gare prendre le train de nuit pour Dali notre prochaine étape. Sur le chemin , Yang nous remercie de notre gentillesse car elle et le chauffeur vont s'arrêter là. Pour le chauffeur ce n'est pas une grande perte mais nous aimions bien Yang qui en profite d'ailleurs pour nous dire que son prénom est en réalité Li Ping. Nous lui faisons remarquer que nous aurions préféré l'appeler Li Ping parce que cela sonne très bien à l'oreille.
En Chine, il est de coutume de laisser un pourboire  au chauffeur et au guide. Notre caisse commune sert un peu à ça. Autant je suis pour celui de Li Ping autant ça me fait mal d'en laisser un au chauffeur. Plus tard Vincent me dira que lui et Andrey ne lui ont rien donné. Si j'avais su!
Qui n'a pas pris le train lors de son séjour en Chine ne sait pas ce qu'il a perdu. Il faut d'abord passer un contrôle des bagages un peu laxiste. On se retrouve ensuite dans une salle d'attente bondée. L'accès aux quais n'est autorisé que 10 minutes avant le départ du train. Vu la foule qui piétine, on se dit qu'on ne va jamais y arriver. Lorsque les portes donnant sur les quais s'ouvrent, c'est la grosse bousculade. On arrive tout de même avec l'aide de Li Ping à monter dans notre wagon (le wagon N°1). Chaque wagon peut contenir 72 personnes à raison de 12 compartiments, chacun comprenant 2 rangées de 3 couchettes superposées. Les compartiments ne ferment pas. Réflexion faite, l'embarquement s'est fait dans une fluidité totale.Je n'en revient pas. Etant donné nos handicaps, Brigitte et moi héritons des couchettes du bas, Jacky et Annie celles du milieu, Vincent et Andrey celle du haut. Ces derniers sont les plus malchanceux car l'espace entre la couchette et le plafond est très exigu. Il ne faut pas être claustrophobe.


Nous prenons à regret congé de Li Ping. Vincent la reprendra sûrement pour ses prochains voyages. Le temps de se coucher, le train démarre tandis que les hauts parleurs du wagon diffusent une musique d'ascenseur. Je m'endors aussitôt.

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