Mardi 22 Mars: De Shaxi à Lijiang

On s'est couché trop tôt, résultat à 2h du matin on a les yeux grand ouverts. Mais bon on a de la ressource et on se rendort jusqu'à 7h30. Direction la salle du petit déjeuner. Il n'y a pas d'électricité ce matin. Adieu les toasts donc. Mais non, les employées se débrouillent pour nous en faire sur un camping gaz avec de la confiture et du miel . C'est parfait!
Après ce petit déjeuner, direction Lijiang. Dans le bus nous remercions notre guide et lui donnons 4 jours de pourboire. Ce salaud là nous laisse en plan sur le bord de la route quelques minutes plus tard en prétextant que c'est à cet endroit qu'il doit prendre le bus qui le ramènera à Dali. On se retrouve seuls sans quelqu'un parlant suffisamment le chinois en cas de pépin. Nous regrettons tous amèrement le généreux pourboire. Comment va être notre prochain guide? va-t-il parler français, anglais, russe?
La plaine que nous traversons fourmille de paysans. Il y a une famille entière qui transporte de la terre à dos d'homme jusque dans leur champ minuscule.
Nous traversons un village de tailleurs de pierre. Tous les ateliers sculptent des tombes, des menhirs, des balustrades dans un nuage de poussière. Il y a uniquement des tailleurs de pierre dans ce bourg.
Nous nous arrêtons à des toilettes publiques. Un petit garçon essaie de nous rançonner, un dixième de yuan par personne. Andrey lui offre un paquet de bombons qu'il refuse en regardant sa mère. Celle-ci lui fait signe qu'il peut accepter. Il récupère les bombons et nous gratifie d'un magnifique sourire.
Il y a régulièrement sur les bas côtés de la route des meules d'aiguilles de pin. Elles servent au chauffage et à la cuisine des paysans.
On commence à voir des montagnes recouvertes de neige. Comme nous sommes déjà à 2500m, elles doivent culminer à au moins 4000m.
On entame une montée pas piquée des vers. Il y a une heure on s'est fait doubler par un cortège d'officiels. Maintenant on les croise. Ils redescendent déjà. Comme dit Vincent, ils ont du aller faire des photos et ils repartent.
Nous redescendons dans une plaine où il n'y a que des arbres fruitiers en fleur: pommiers, pêchers. C'est magnifique.
Nous voilà à Lijiang où nous récupérons notre nouvelle guide qui s'appelle Sin Ye . Elle ne parle qu'anglais mais a l'air beaucoup plus sympathique et ouverte que le dernier abruti. Elle est accompagnée d'une stagiaire toute jeunette et fort mignonne nommée Hei sha.
Nous nous dirigeons vers notre hôtel, le Zen Garden Hotel situé sur les hauteurs de la vieille ville. Comme la plupart des villes que nous avons traversées, les vieilles villes ne sont plus assez grandes pour loger les nombreux habitants qui y affluent. Il y a donc partout la vieille ville, le centre historique et quelques kilomètres plus loin la ville nouvelle beaucoup plus peuplée avec des immeubles modernes. La montée à l’hôtel n'est pas une partie de plaisir pour notre chauffeuse qui doit emprunter des rues très étroites avec des voitures garées n'importe où. Comme elle est une femme, si un chauffeur arrive en sens inverse, il la fait reculer avec son bus. Nous avons de la peine pour elle. Elle s'en sort bien.
L’hôtel est encore une fois magnifique avec des jardins et une vue sur la vieille ville et sur les montagnes.
Lijiang située à 2400m  au pied de la montagne du dragon de jade est à mi chemin entre Dali et le Tibet. Il y a à eu près 1 million d'habitants dont 300000 Naxi.
Notre guide Sin Ye comme la chauffeuse est Naxi, ce qui veut dire "peuple noir" nous dit elle. Contrairement à cette dernière elle n'est pas bouddhiste mais chamaniste plus exactement Dongba . Les Dongba vénèrent la nature et en particulier les montagnes et l'eau .
Une fois installés dans nos chambres, nous reprenons le bus et donc la galère des petites rues pour une visite de la région. Mais d'abord arrêt au restaurant. Voyons voir si Sin Ye est à la hauteur.
Au menu: soupe de poulet, canard laqué, nouilles, soja grillé. Tout était très bon.On ne s'est pas fait arnaquer, 300 yuans pur 6 personnes. On pense tous que le guide précédent, qui nous emmenait dans des restaurants beaucoup plus onéreux et pas meilleurs, devait toucher à chaque fois une commission, comme dans les voyages organisés de chez nous.
On s'arrête à l’hôpital de la ville car Brigitte tousse de plus en plus. Vincent préfère lui faire passer des examens pour plus de sécurité. On les laisse là ,accompagnés de la guide stagiaire qui servira d'interprète.
Il commence à faire chaud.La chauffeuse nous met un peu la clim.
Sin Ye nous explique que comme les hommes passaient 6 mois sur la route du thé. Les femmes Naxi devaient s'occuper de tout et étaient donc très fortes et très respectées. D'après elle les hommes une fois chez eux passent leur temps à fumer et à boire alcool et thé.
Nous arrivons au village de Baisha. Ce village est le premier site d’implantation des Naxi venant du Tibet, au Yunnan. Il subsiste encore beaucoup de vieilles maisons en pierre. On commence avoir des petits chevaux qui sont ceux utilisés dans les caravanes.
 Jacky tombe en admiration devant une calade (dallage en pierre). Elle voudrait la même chez nous.
Les femmes Naxi portent dans le dos un mouchoir surmonté de petites "spatules" qui représentent en fait les planètes.
Les Naxi avaient leur propre alphabet  de 1400 caractères.que seul smaintenant les chamanes savent lire.
Sin Ye nous explique un peu la culture Dongba.
Comme bien souvent dans le monde, seuls les enfants mâles ont droit à  l'éducation. L'élève qui arrive à déchiffrer et à lire ces caractères détient le savoir car il peut lire les grands livres Dongba.
Dans le chamanisme Naxi, le père est le ciel et la mère la terre.
Il n'y a pas de temple chez les Naxi, que des cérémonies comme le mariage, l'enterrement, la construction d'une maison.Ces cérémonies ont un prix à payer au chamane:  un yack si la famille est riche, une chèvre pour les moins aisés et un poulet pour les plus pauvres.
Nous visitons près du village de Yuhu la demeure d'un ethnologue américain "le professeur Rock"  qui a vécu là durant 27 ans dans les années 1920. C'est un des premiers à avoir vraiment étudié la culture Naxi. Il était correspondant du Nationnal Geographic Society à laquelle il a envoyé des photos dignes de cette institution. Il vivait vraiment de manière spartiate comme l'atteste le mobilier de son bureau appartement.
La Chine est le royaume de l'enfant roi. On voit beaucoup de grand pères se promener avec leur petit enfant souvent un garçon. Il y a dans ce pays 120 garçons pour 100 filles.
Nous voici maintenant dans une école de broderie sur soie. Le village est très pauvre, les gens ont besoin d'une activité secondaire pour survivre, comme le travail du cuivre et la broderie sur soie. Cette école est entièrement sponsorisé par l'UNESCO. Contrairement à ce qui se passe dans les écoles de tapis au Caire où l'exploitation des enfants est flagrante, cette école est basée sur le volontariat. Le professeur qui parle un excellent anglais nous explique que cette tradition se perd car le métier est très difficile. Les brodeuses à force de fixe leur ouvrage deviennent vite aveugles. Il y a très peu de volontaires même si l'école est gratuite.
Ce qu'elles font est magnifique. C'est brodé sur les deux faces avec un motif différent. 

Une des élèves nous fait visiter le hall d'exposition Il y a de véritables chefs d’œuvre dignes de nos grands peintres occidentaux mais les prix ne sont pas abordables. Nous nous contentons d'une petite œuvre que nous ferons encadrer en rentrant. L'encadreuse s'est moqué de nous et a fait un sale travail qui a rendu Jacky très triste. Il y a plein de plis sur la soie!
Avant de partir je fais un tour aux toilettes. C'est bien on peut pisser, ou plus encore, à plusieurs en même temps!
Les montagnes qui surplombent le village font 5200m de haut avec des glaciers énormes
Nous allons visiter une Guest House qui intéresse Vincent. Elle est très rustique mais il y a l'eau chaude et une seule douche, séparée des toilettes. Les gens y sont très accueillants. Je suis sûr qu'elle plaira à Vincent. Le temps change, il parait qu'il va neiger. Nous repartons vers Lijiang. Sin Ye nous parle de son peuple les Naxi qui ont intégré dans leur culture les apports du bouddhisme, du taoïsme et du confucianisme. Jadis puissants, les Naxi ne peuvent plus lutter contre les autres communautés et doivent composer avec ces dernières.
Nous visitons maintenant un temple dédié à la réussite des examens, dixit Sin Ye. A l'entrée il  a un vieux tamaris âgé de 500 ans.

Ce temple est célèbre pour ses 55 fresques peintes sur les murs, datant de la dynastie Ming. Hélas on ne peut les photographier.
Certaines fresques montrent la vie commune des gens, d'autres ont des motifs religieux avec des Bouddhas, d'autres montrent la famille royale. Les personnages représentés sont gras parce que prospères à l'époque. Les couleurs sont brillantes. Il y a un syncrétisme des  grandes religions de la Chine.
Sin Ye nous explique les différences entre confucianisme, bouddhisme et taoïsme. Il faudra que je m'en rappelle!
Nous voilà de retour à Lijiang pour la visite du parc de l'étang du dragon noir. Même si ce dernier fait vraiment  cliché  avec son lac, ses ponts, ses arbres en fleur, sa pagode et les montagnes enneigées au fond, il reste un lieu magique pour son calme.
J'en profite pour garder un souvenir de Sin Ye à droite et sa stagiaire à gauche, ainsi que des joueurs de majong. Je ne sais pas pourquoi mais lors de notre rencontre, Sin Ye voulait se faire appeler Christina et la petite Yan Nan voulait se faire appeler Diana. Peut être pensaient elles que ce serait plus facile pour nous à retenir.
De vieux retraités jouent à une espèce de Majong
A la sortie du parc, nous retrouvons une ville dédiée au tourisme. Elle me fait penser à la fois aux Beaux de Provence pour son côté artificiel et au marché de Noël de Strasbourg pour les touristes et les magasins de souvenir bidons. Tout ça à l'échelle de la Chine évidemment. Même si Lijiang est encensée dans tous les guides et les sites touristiques consacrés au Yunnan, j'ai hâte d'en partir.
Bon, avant il nous faut aller manger et dormir. Comme c'est encore trop tôt pour le restaurant, on opte pour la visite d'une maison de thé.
La vedette est le thé Pouer qui est un thé fermenté naturellement . Comme pour le vin, il y a du 10 ans d'âge, du 4 ans et du primeur. Le prix varie évidemment en fonction de l'âge. Il guérit de tout paraît il et protège même des ondes électromagnétiques des ordinateurs! La démonstratrice nous fait goûter et admirer les différences de couleur liées à l'âge, comme le vin.
 Je ne résiste pas de prendre aussi en photo, un thé avec une fleur .
 Je ne résiste pas de prendre aussi en photo, un thé avec une fleur .
Nous ressortons de là avec une galette de thé Pouer de 4 ans d'âge enveloppée dans une jolie boîte. De quoi se soigner tout l'hiver prochain.
Nous récupérons Vincent. Sa mère est restée se reposer à l'hôtel. Elle a été rapidement prise en charge a l'hôpital car c'est une étrangère. Ils ont diagnostiqué une bronchite et lui ont donné des antibiotiques. J'espère qu'elle va continuer à les prendre. Je ne suis pas sûr qu'elle ait consulté pour sa chute. Après un bon repas dans un petit resto nous regagnons l'hôtel à pied. Les rues sont noires de monde. Le bruit est infernal à cause des dizaines de bars à karaoké.
Bien que l’hôtel soit en retrait de la vieille ville, je m'endors avec des boules Quies pour ne plus entendre ce vacarme.

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