Mercredi 16 Mars: de Jianshui à Yuanyang (suite)

Nous reprenons la route direction Yuanyang . Jacky et Brigitte toussent de plus en plus. Jacky attend que ça se passe et se met son écharpe sur la figure pour diminuer les allergies provoquées par l'air ambiant. Brigitte qui est très portée sur les médecines douces ainsi que la médecine chinoise, n'arrête pas d'avaler toutes sortes de fioles sans qu'il semble y avoir la moindre amélioration.
Il y a beaucoup de circulation et notre chauffeur klaxonne toujours autant. Vincent nous en explique la raison:
La règle d'usage veut que tout conducteur s'occupe de celui qui est devant lui. C'est à lui d'avertir de sa présence. Celui de devant peut donc déboiter, démarrer s'il était à l'arrêt sans regarder dans son rétroviseur. D'où les coups de klaxon. Mais qui est responsable de celui qui vient en face? Même à la fin du voyage je n'aurai pas la réponse!
Heureusement que Yang nous distrait en nous parlant des traditions et des superstitions chinoises:
Le poisson est synonyme d'abondance car dans ce cas là il reste assez de nourriture pour nourrir les poissons d'ornement.
Le dieu des cuisinier est très respecté. La vieille du nouvel an on lui offre une cérémonie afin qu'il ramène le lendemain des bonnes choses de l'au delà .
Lorsqu'on a perdu quelque chose, on pose un oeuf sur un mirroir. S'il reste debout on est sûr de retrouver la chose.
Si on rencontre le corbeau, il faut vite renter chez soi car un événement mauvais va arriver.
La femme appartient au Yin comme les diables tandis que l'homme appartient au Yang comme les dieux. Et oui ça ne change pas beaucoup d'une civilisation à l'autre de ce côté là.
Lors d'un arrêt pipi aux toilettes publiques (pas très reluisantes) d'un village, ce qui devait arriver arriva. Jacky a laissé tomber ses lunettes là où il ne fallait pas. Elles les récupère complètement traumatisée.
Nous traversons ensuite Guiju qui est la grande ville d’extraction de l'étain. Il y a d'immenses usines crachant une épaisse fumée noire partout. Arrive enfin l'heure du repas de midi. Yang nous dégote un de ces restaurants dont elle a le secret. Il y a parmi les nombreux plats, du "taro" à base de pommes de terre râpées cuites en galette et qui ressemble au "paillasson" de chez nous.Il nous faut reprendre la route et il fait de plus en plus froid et pluvieux.
Lors d'une halte nous achetons sur le bord de la route des mangues, des papayes et des mamayes (dixit Andrey), des bananes et même un morceau de canne à  sucre. Comment va-t-on manger cela, je me le demande mais le manque de fruits est le plus fort.


Cette marchande de l'ethnie Zhuang est magnifique dans son costume.
Andrey en profite pour donner à un chien les restes de viande qu'il a récupérés au restaurant. Celui-ci n'en croit pas ses babines, habitué qu'il doit être à recevoir des coups de pieds plutôt que de la nourriture.
Nous longeons un moment le fleuve rouge qui ne l'est pas à cause de la saison sèche. Et oui c'est la saison sèche même s'il pleut depuis 2 jours. Après avoir quitté ce fleuve qui continue son chemin ensuite au Vietnam un peu plus au sud, nous atteignons la ville nouvelle de Yuanyang située à 300m d'altitude. Il nous faut monter maintenant à 1800m en 30 kms pour atteindre la vielle ville où commencent les rizières.
La route est cauchemardesque. Il y a énormément de camions, dont un dans le ravin, tous plus chargés les uns que les autres et qui essaient de se doubler malgré le manque total de visibilité. Notre chauffeur essaie d'en faire autant mais il a une curieuse façon de s'y prendre. Il n'est jamais à la bonne vitesse au moment de dépasser et en plus il ralentit. Le plus souvent, il tente l'opération en plein virage. On n'en mène pas large. Enfin on arrive en haut du col. Mais là la route devient inexistante à cause d'un éboulement. Un énorme embouteillage se forme due à la façon particulière, décrite précédemment, qu'ont les chinois d'aborder le problème. On sort de ce guêpier une heure et demie plus tard. On aura parcouru à peine 500m durant ce temps là. On commence à être fatigué. Il pleut toujours et il fait froid. Dans un virage on aperçoit une plaque blanche. C'est de la neige. On le signale à Yang qui se moque de nous. Enfin quoi, de la neige en climat tropical, c'est impensable, vous avez rêvé. Le bus s'arrête on va chercher un peu de cette neige pour lui montrer. Elle est complètement atterrée par cette vérité.
A la tombée de la nuit, nous arrivons au petit village deDuoyishu où nous logeons au "Sunny Guest House". Malgré le nom pompeux, c'est une maison d'hôte très familiale.  Les chambres sont à l'étage. Il y a un seul cabinet de toilette équipé comme à la maison d'hôte de Bamei. Je doute qu'il y ait beaucoup de volontaires pour la douche! Il fait froid à l'intérieur des chambres, à peine 8°C. Heureusement les lits possèdent un sur-matelas chauffant très efficace. Il faudra qu'on s'en procure pour notre lit chez nous.Jacky n'est pas en forme et préfère se coucher, une fois le lit un peu chaud. Il y a une énorme télévision dans le salon. Bien que les commentaires soient en chinois on devine de quoi il s'agit: Des éminents experts en blouse blanche semblent expliquer au téléspectateurs chinois la progression du nuage radio actif en provenance de la centrale nucléaire japonaise. Les chinois doivent baliser car le Japon n'est pas vraiment loin! Nous descendons nous restaurer dans une salle au rez de chaussée. Cette dernière n'est pas chauffée mais nos hôtes installent aussitôt un braséro en plein milieu de la pièce et on arrive à manger tant bien que mal un repas très honnête. Je m'absente au milieu du repas pour aller voir Jacky. A l'étage c'est dantesque. La fumée du braséro s'est accumulée là et l'air est irrespirable. Je m'empresse d'ouvrir les fenêtres malgré le froid. Ouf ça va, Jacky ne s'est pas asphyxiée. Nous hôtes éteignent vite ce maudit braséro. Un peu épuisés par cette journée nous partons tous nous coucher. Espérons que demain, il fera soleil et que nous pourrons admirer les rizières!
Avec deux couettes il ne fait pas trop froid si ce n'est un courant d'air qui m'arrive sur le nez par la fenêtre mal bâtie. Je m'enveloppe la tête dans l'écharpe de Jacky et parviens à m'endormir.

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