Mercredi 16 Mars: de Jianshui à Yuanyang

La pluie ne nous a pas empêché de dormir. Jacky se réveille avec un mal de gorge carabiné. Elle pense toujours que c'est allergique.
Il pleut encore. Nous nous rendons à la salle du petit déjeuner. Il y fait froid car la pièce possède des claustras dépourvus de fermeture. Nous décidons d'aller déjeuner dans l'une de nos chambres, chacun emmenant une partie du dit petit déjeuner ou les tasses.
Une fois rassasiés, nous repartons à la rencontre de Jianshui. Andrey qui est un véritable ethnologue et un expérimentateur patenté, achète à une marchande ambulante des beignets du matin à base de farine et de levure, enrobés de viande. C'est cuit à l'eau et la vendeuse soulève le couvercle de sa marmite bouillante pour satisfaire sa demande. Il nous fait goûter. Ce n'est pas mauvais du tout.
Nous visitons maintenant une fabrique artisanale de tofus . Les tofus de Jianshui sont très réputés car fabriqués à partir d'eau très pure. Il y a en effet un puits d'eau claire avec des porteurs d'eau dignes d'une carte postale.

L'intérieur de la fabrique est enveloppé de la vapeur des marmites en train de cuire les tofus faits, rappelons le, à base de lait de soja fermenté.

Il est l'heure maintenant de quitter Jianshui, direction le pont du double dragon. Le nom du pont vient du fait que jadis il y avait deux rivières distinctes qui y coulaient. Maintenant, je ne sais si c'est du à la saison sèche (enfin théoriquement), mais on ne voit qu'une seule rivière nonchalante Ce pont de 148 m, construit au XVII ème siècle sous la dynastie Qing, est composé de 17 arches. C'est l'un des plus vieux ponts de Chine.




Non loin du pont se trouvent les vestiges du chemin de fer français, construit au XIX ème siècle, qui reliait Hanoï à Kunming. Il est aujourd'hui désaffecté car trop dangereux . A cause des conditions climatiques et des difficultés du terrain, sa construction aura coûté la vie à des dizaines de milliers de coolies chinois et quelques dizaines de français. Il servait à transporter des minerais et de l'opium vers l’Indochine et des armes pour les seigneurs de la guerre chinois.
Du pont on voit un paysan qui travaille sa minuscule parcelle avec une espèce de bêche.

Nous reprenons notre bus direction Tuanshan , la résidence de la famille Zhang à quelques 15 kms de Jianshui. La famille Zhang avait fait fortune dans le commerce du sel. Leurs demeures formaient un village. Ce dernier, contrairement à  beaucoup d’autres, n'a pas été transformé en musée par les autorités chinoises. En effet ces dernières n'hésitent pas à exproprier des villages entiers, rebâtissent les maisons à l'ancienne puis y mettent des retraités à qu'ils assurent le gîte et le couvert à condition qu'ils se comportent, dans l'habillement et les gestes, comme de vrais autochtones.
Nous nous enfonçons dans les rues tortueuses et pavées, bordées des vestiges de ces anciennes maisons luxueuses.Certaines ont encore des façades et des frontons en bois gravé et peint. Elles sont en très bon état et habitées.

Les tuiles chinoises sont bien différentes des nôtres.

Sur les portes de beaucoup de maison, sont peints ou collés sur du papier les deux gardiens qui protègent des démons. La légende veut que jadis, un empereur avait fait une nuit d'horribles cauchemars avec des démons qui venaient le tourmenter. Le lendemain il a ordonné à deux de ses plus vaillants généraux de garder la porte de sa chambre. Comme la nuit suivante il n'a plus eu de cauchemar, il a salué la bravoure de ses deux généraux. La nouvelle s'est repandue dans toute la Chine. Les plus riches ont fait peindre l'effigie des deux héros pour se protéger, les plus pauvres se sont contentés de coller du papier peint. La tradition perdure toujours. Les images sont changées à chaque nouvel an.


Parfois les portes des rues sont de curieux passages ronds.

Dans la rue, tout près d'une maison ,Yang nous fait faire brusquement un écart. Il y a sur le sol les résidus d'une décoction médicinale. Elle nous explique que ceux ci ont  été jetés par un malade dans l'espoir que, comme le veut la tradition, un passant marche dedans et prenne la maladie à sa place.

Plus loin, les calligraphies et peintures de la porte d'une maison sont blanches. Cela signifie qu'il y a eu là un décès .


Nous pénétrons maintenant dans une maison très bien conservée. A l'intérieur se trouve un grand bassin avec des laitues d'eau. 


Les habitations du village y sont en parfait état. Certaines sont occupées par des marchands de souvenirs. J'achète des souliers de chinoises à petit pied. Jusqu'en 1950 la tradition voulait qu'en Chine, une femme n’était désirable que si elle avait de très petits pieds.Dès son plus jeune âge on enveloppait les pieds de la fille avec des bandelettes très serrées afin que ceux-ci ne grandissent pas. On changeait et resserrait les bandelettes tous les jours. Ainsi torturés, les pieds s'atrophiaient. Le fin du fin était une taille à l'âge adulte de 8cm. Ces filles  pouvaient difficilement marcher, ce qui était en outre un moyen sûr pour qu'elles ne s'échappent pas du domicile. Encore une fois on a affaire à une civilisation dans laquelle la femme est maltraitée.Heureusement cette pratique est maintenant interdite.
Voici quelques photos de ces souliers qui font tout de même 15 cm  à côté d'une paire de chaussures du 39 ou encore dans ma main.
Brigitte achète une canne pour s'aider dans la marche car elle a beaucoup de difficultés.

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