Heureusement tout a une fin. Nous arrivons à Canton. Le passage au contrôle des passeports et des visas est un peu long. Il y a de nombreuses files pour les chinois et une seule pour les étrangers. Je serais prompt à m’insurger mentalement si je ne me rappelais soudainement que chez nous c’est exactement la même chose mais inversée. Au bout d’un moment tous les chinois sont passés. Les contrôleurs décident alors d’ouvrir leurs guichets au reste du monde. A partir de ce moment là tout va vite. Ceci dit, on n’était pas vraiment à la bourre. Il nous reste 6 heures d’attente. On commence par changer nos quelques dollars en Yuans (environ 350 yuans pour 55$). Nous nous dirigeons ensuite vers notre terminal d’embarquement pour Kunming.
L’aéroport de Canton est immense et très moderne.
C’est en fait le Hub de la compagnie China Southern Airlines qui dessert d’ici toutes les destinations domestiques et Dieu (pardon Confucius) sait qu’il y en a. Le trajet est long. Quelques chauffeurs de voitures électriques nous proposent de nous emmener. Je ne sais pas pourquoi on refuse. Nous nous arrêtons dans un bar pour boire un café crème. Ce dernier n’est pas mauvais mais Confucius qu’il est cher! A 55 yuans soit 7€ on se croirait au boulevard Saint Michel ou sur le Cours Mirabeau ou à l’aéroport de Pékin !
On traîne maintenant depuis 3 heures et il y a encore 3 heures à tirer avant d’embarquer. Les gens sont de plus en plus nombreux. Peut-être parce que c’est le début du week-end. Les boutiques sont les mêmes que dans nos aéroports : vêtements de luxe, cadeaux,etc. Il y a de grands halls avec des palmiers immenses et toutes sortes de plantes tropicales. A y voir de près ce sont toutes des plantes en plastique. Ivres de sommeil nous essayons de dormir sur des chaises dans un des nombreux halls d’attente. Tout va bien, il n’y a pas beaucoup de monde. Aussitôt cette réflexion faite, un groupe d’une vingtaine de chinois, tous munis d’une casquette jaune s’installe à côté de nous et se met à discuter joyeusement. La langue chinoise est telle qu’on a l’impression que les gens s’invectivent alors qu’il n’en est rien. L’italien a côté est un silencieux! On se réfugie dans un autre hall mais c’est pareil à part la couleur des casquettes près.
Lorsque nous finissons par embarquer, nous somme complètement exténués. L’avion part à l’heure et arrive 2 heures et un repas insipide plus tard à Kumming, en avance sur l’horaire.Je ne sais si c'est parce que la ville est à 2000m d'altitude, mais l'approche s'est faite au milieu de turbulences impressionnantes.
Le timing a été bien calculé par Vincent. Nous arrivons les premiers vers 14H. Annie arrive 40 minutes plus tard en provenance de Hong Kong, Vincent , Andrey et Brigitte une heure après en provenance de Pékin. Yang notre guide locale sera là pour accueillir tout ce beau monde.
Le débarquement se fait rapidement. Le hall des arrivées ressemble à celui d’un petit aéroport de province. Pourtant Kunming compte 5 millions d’habitants. Nous nous dirigeons vers le « bagage claim » pour récupérer nos valises que nous ne récupérons pas, pour la bonne raison qu’elles manquent l’appel. Nous allons fissa vers le service des réclamations. L’affaire est délicate. L’employée dans un anglais approximatif nous dit que l’on aurait dû récupérer nos bagages à Canton pour le dédouanement, contrairement à ce qu’on nous avait assuré à Paris. On lui donne les renseignements qu’elle nous demande (numéro de vol, de visa, etc.). Une fois qu’elle a ce qu’elle veut, elle me demande de remplir un autre papier avec tous les renseignements que je viens de lui donner. Peut être une vengeance ! En tout cas on croit comprendre, mais ce n’est pas sûr, qu’il va falloir revenir ce soir pour récupérer nos valises qui seront sur le prochain vol en provenance de Canton. Tout ce cirque dure à peu près une heure. Il y a peu de chance que notre guide soit encore à la sortie à nous attendre. Heureusement Vincent nous avait donné le numéro de portable de celle-ci. C’est le moment ou jamais de tester si ma mobicarte me permet de téléphoner en Chine. L’appel passe puis au moment où quelqu’un semble vouloir répondre la communication est coupée. N’ayant plus rien à attendre du bureau des pleurs nous sortons. Évidemment il n’y a personne pour nous attendre avec une pancarte du style « Bienvenue Jacky et Robert ». Je tente un nouvel appel et là, au miracle, notre guide Yang me répond. Ne nous ayant pas vu elle est partie attendre Annie en provenance de Hong Kong. Nous les retrouvons toutes les deux quelques minutes plus tard. Notre guide toute menue parle très bien le Français. Annie nous est tout de suite sympathique. Pendant qu’elle et Jacky essaient de changer des euros en yuans, je retourne avec Yang au bureau des valises perdues. Heureusement qu’elle est là, car il est quasiment impossible pour un pékin ordinaire de rentrer dans l’aéroport par le hall des sorties ! Nous retrouvons notre employée et Yang lui signifie qu’elle viendra elle-même chercher nos valises à 22h ce soir. Ceci étant réglé, nous rejoignons Annie et Jacky et il ne nous reste plus qu’à attendre l’arrivée de Vincent, Andrey et Brigitte.
Pendant ce temps nous faisons un peu plus connaissance avec Yang. Elle a étudié pendant deux ans l’économie du tourisme à Aix en Provence. Elle est très heureuse de se remémorer avec nous les hauts lieux de cette ville : Cours Mirabeau, fontaine des 4 dauphins, etc.
Une demie heure plus tard nous voilà enfin tous au complet. On s’engouffre dans notre minibus de 17 places. Pour 6 personnes plus la guide, c’est plus confortable que l’avion ! En route pour L’hôtel « Green Lake » de Kunming. C'est un très bel hôtel de luxe entouré d’un parc magnifique.
Nous devons effectuer un véritable test psychotechnique pour prendre l’ascenseur. Comme tous les quidam ne sont pas autorisés à l’emprunter,il faut montrer patte blanche, ce qui consiste à positionner la carte magnétique, que l’on nous a fournie à l’accueil et qui tient lieu de clé pour la chambre, devant une cellule photoélectrique située à côté des boutons de sélection de l’étage. Comme il n’y a aucun mode d’emploi, même en chinois, l’ascenseur refuse d’obtempérer. Heureusement arrive Vincent à qui rien n’est inconnu. La chambre que l’on parvient à ouvrir sans problème est immense mais sombre. Il faut en fait insérer la clerte (croisement moderne d’une clé avec une carte magnétique) dans une encoche dédiée située près de la porte d’entrée. Il faudrait que l’on sorte plus souvent de notre trou pour ne pas être dépassé par la technique. Il y a carrément un poste de télévision dans la baignoire ! Le temps de se changer, nous nous retrouvons dans le hall d’entrée pour aller en taxi au restaurant " Laofangzi " situé dans une très belle résidence traditionnelle chinoise des vieux quartiers de Kunming. Sur le chemin, nous faisons une halte devant une grande banque pour récupérer suffisamment de yuans afin de tenir une semaine car nous n’aurons peut être pas d’autres opportunités de trouver un autre distributeur de billets d’ici notre retour à Kunming.
Le bruit de la ville est infernal. Les gens klaxonnent pour un oui pour un non. De plus c’est la banque de Chine et c’est l’heure à laquelle les convoyeurs de fonds viennent déposer leur argent. Ils se succèdent à un rythme effréné en faisant hurler leur sirène.
Nous rejoignons à pied le restaurant Laofangzi. Il y a une cour intérieure surplombée par des terrasses où sont situées les salles à manger.
Dans la cour se trouve un bassin rempli de crapauds énormes prêts à être livrés au cuisinier sur une simple demande du client.
Personne d’entre nous ne mangera du crapaud ce soir. Nous nous installons au premier étage dans une des petites salles autour d’une grande table ronde au centre de laquelle se trouve un plateau tournant. C’est Yang qui choisi notre premier vrai menu chinois. Le résultat est tout simplement délicieux et pour un prix somme toute modique, seulement 270 Yuans (35 €) pour 7 personnes.
Après ce délicieux repas, Yang nous emmène voir un spectacle folklorique présentant les chants et danses des minorités du Yunnan. Pendant que nous assistons au spectacle, elle file à l’aéroport récupérer nos fameuses valises. Le spectacle est charmant mais nous commençons à ressentir les fatigues de notre voyage. Heureusement que certains tableaux sont accompagnés de tambours sinon je me serai endormi ! En comparaison les tambours du Bronx ressemblent à de la musique de chambre.
Je pense que nous aurions du voir ce spectacle plutôt en fin de voyage après avoir croisé effectivement ces différentes minorités. Bien que les artistes y mettent beaucoup de volonté, les thèmes sont parfois un peu pompeux. Il y a tout de même un groupe de jeunes filles représentant des fleurs dont le ballet et les chants sont très réussis.
Il y a beaucoup de minorités en Chine, surtout dans les provinces du sud ouest comme le Yunnan. Cependant ces minorités ne font pas le poids face au Han qui sont plus de 1 milliard. La minorité la plus importante, la minorité Zhuang ne compte que 15 millions de personnes.
Il est 23 heures lorsque nous rentrons à l’hôtel complètement hébétés par la fatigue. Tellement hébétés que j’en ai perdu les seules vrais lunettes que j’avais amenées pour ce voyage. L’étui étant tombé par terre en s’ouvrant, je n’ai pas eu la présence d’esprit de vérifier que les dites lunettes ne s’étaient pas échappées lorsque j’ai récupéré icelui.
Il nous faut un long moment avant de trouver un taxi car il y a beaucoup de monde qui sort du spectacle et ces derniers ne sont pas nombreux. Ce sont des véhicules étranges. Le siège du chauffeur est protégé par une armature métallique.
Heureusement une bonne nouvelle : nos valises nous attendent dans la chambre. Après une bonne douche nous nous enfonçons dans notre grand lit et nous endormons aussitôt.
Demain départ pour Bamei de bonne heure.
Bamei est un village de la minorité Zhuang à l’est du Yunnan, pratiquement à la frontière du Guangxi, dans la préfecture de Guangnan. Sa particularité est d’être situé dans un cirque de montagne et de n’être accessible que par une rivière souterraine de 1500m de long. Il est très connu des chinois car célébré il y a très longtemps par un le poète Tao Yuanming dont les vers relatent ce paradis caché rempli de pêchers en fleur.